Prologue
Parfois je ferme les yeux et je m'imagine dans une salle vide. Tout est blanc autour de moi. J'entends du bruit. Des rires. Ce sont des enfants, une petite fille et un petit garçon. Ils me regardent avec de grands yeux. Ils semblent tristes. Ils me font de la peine et j'ai l'impression que mon coeur se brise en mille morceaux.
C'est quand je m'imagine cela que je t'écris, comme en cet instant. Je viens juste de m'imaginer cette scène pour la centième fois. Et comme à chaque fois je me demande pourquoi. J'ai les yeux rivés sur cette page et tout me paraît si loin : toi, moi, notre vie d'il y a 1 an. Tu te rappelles l'été de tes 16 ans? J'en avais 14. C'est l'été où l'on s'est rencontré. Dire que ça n'a faillie jamais arrivé ! Je t'en ai déjà parlé, ce soir là je devais aller dormir chez ma meilleure amie mais mes parents m'ont forcé à venir.
J'étais là, sur la terrasse. Je regardais le ciel. J'ai soufflé un grand coup. Et tu m'as dis :"tu regardes les étoiles ?". Je ne t'ai pas répondu. A cette époque mon coeur était brisé et tu sais maintenant que je ne m'aimais pas. Je me sentais horriblement mal et personne ne le savait. J'étais la pauvre fille mal aimée qui essaie d'aimer quelqu'un alors qu'elle ne s'aime pas elle-même. J'enchaînais les peines de coeur et je pensais que je n'étais pas faite pour l'amour.
Après cette phrase, il y a eu un long silence et ma soeur ma appellé :"Sophie ! Bouge !". Je me suis levé, je suis partie sans t'adresser un seul regard. As-tu voulu me faire payer ça ? Si c'est le cas, je m'en excuse. Je le regrette.
Plus tard dans la même soirée j'étais les pieds dans l'eau au bord de la piscine. Je regardais toujours le ciel. J'avais les yeux fermés. Tu m'as dis : "tu regardes toujours les étoiles". J'ai ouvert les yeux, et t'ai répondu : "non" de la façon la plus sèche au monde, pourtant tu m'as dis plus tard, que tu es tombé amoureux de moi dès cet instant.
Surprise que tu ne partes pas et que tu restes toujours assis sur une chaise à ma droite, je me suis sentie mal de t'avoir répondu comme ça. Alors je t'ai dis :" Je regarde le vide. Tout ce qui est noir.". Tu as eu l'air surpris : "Et pourquoi ?" m'as tu demandé. Je t'ai répondu : "Parce que je me sent vide aussi et en même temps j'ai l'impression d'être prise dans ce vide, comme axphixiée, comme si j'étais dans le vide et comme si j'étais le vide moi-même". Tu ne m'as rien répondu. Tu m'as juste regardé et tu m'as sourie.
Est-ce que tu t'en souviens ? J'espère que c'est le cas. Moi, je n'ai pas oublié.
Apriil
